Les conseils du jardinier
Le buis, une plante facile à cultiver et sans véritable problème majeur est devenu en quelques années un véritable casse-tête pour les jardiniers. Leur nombre très important sur le site de Marqueyssac, à la fois dans les zones taillées ou au contraire dans les espaces plus sauvages complique excessivement la tâche. D’importants efforts sont réalisés sur le site afin de satisfaire à la protection des buis tout en appliquant des règles en adéquation avec les mesures de préservation de l’environnement et de la biodiversité et aussi toujours compatibles avec l’accueil des visiteurs. La tendance est de plus en plus orientée vers des méthodes biologiques.
L’entretien du buis
Il est toujours très délicat de se prononcer sur des problématiques sans avoir tous les éléments, sans connaître parfaitement bien les lieux, leur histoire (du point de vue de la plante) et leurs problématiques. Ce ne sont donc ici que des généralités pour donner des pistes de recherche de problèmes.
Afin d’allier esthétique et respect du végétal, la période idéale pour la taille est le mois de Juin lorsqu’il ne fait pas trop chaud. Il y’a toujours dans ce cas un petit suivi à faire en fin d’été ou en septembre.
Cependant des tailles en septembre et même jusqu’à la mi-octobre sont tout à fait adaptées aux buis mais vous profitez dans ce cas moins longtemps de buis bien tenus.
Outre l’intérêt esthétique, les tailles régulières favorisent la ramification. Une taille annuelle est recommandée dès les premières années pour réduire d’au moins 1/3 la pousse de l’année. Cela permet d’éviter que la plante ne s’ouvre sous le poids de la pousse de l’année et/ou de l’eau.
Pour une bonne polyvalence et de très bons résultats nous conseillons les cisailles de chez Bahco (P51-F le grand classique ou P51-SL) que la plupart des jardiniers utilisent dans le domaine. Les japonais fabriquent aussi des cisailles de très bonne qualité mais réservées à un usage de finition comme les cisailles de chez ARS qui sont aussi d’une grande précision.
Du point de vue de notre expérience, la période de taille n’a pas d’incidence, ni pour la pyrale, ni pour les champignons.
Lorsque les buis sont trop volumineux ou trop lâches. Les tailles sur le bois donnent de bons résultats sur le buis. Il est possible d’aller jusqu’à la section complète du tronc ou de grosses branches mais le regarnissage sera d’autant plus rapide que la ramification conservée est importante.
Il est préférable de réaliser les tailles sévères en janvier/février, hors période de gel, ce qui limite le risque de gelée sur les jeunes pousses au redémarrage.
Attention d’essayer de faire des coupes les plus nettes possible avec des outils bien affûtés. Préférez une petite scie à main au sécateur dès que la section dépasse 7/8 mm. Cela permet d’éviter l’éclatement de l’écorce ou du bois. Enfin, au moins la première année suivant le rabattage et dans l’idéal pendant 2/3 ans, veillez à ce que vos buis ne souffrent pas d’un manque d’eau en été mais aussi en pleine période de pousse au printemps.
Un buis d’un vert un peu moins soutenu peut être la résultante d’une carence, d’un manque de nourriture, de la nature du sol…
Les teintes cuivrées sur le buis sont en général la réaction à un stress souvent lié à des facteurs abiotiques : sécheresse, froid (parfois très localisé avec des courants d’air), asphyxie…
La couleur générale, le pourtour des feuilles cuivré, la pointe des feuilles desséchée, des rameaux secs … font penser à des problèmes d’alimentation des plantes qui peuvent avoir plusieurs origines :
- des problèmes racinaires avec asphyxie : tassement du sol lors des travaux d’aménagement, drainage insuffisant avec un excès d’eau dans le sol (c’est ce que redoute le plus le buis) … ; dans ces conditions seule une action mécanique en profondeur pourrait régler le problème.
- des problèmes de circulation de la sève : des biostimulants en pulvérisation foliaire ou en arrosage peuvent aider. Ces produits systémiques sont censés agir en améliorant la circulation des sèves dans la plante.
- des problèmes de carences : des analyses de sol pourraient être révélatrices de déséquilibres même localement.
Le dessèchement et le dépérissement de rameaux peuvent être la conséquence de différents problèmes :
- problème d’alimentation de la plante ;
- conséquence d’insectes piqueurs comme les cochenilles : différents types de cochenilles se développent de plus en plus sur le buis, certaines directement sur les feuilles, d’autres à l’aisselle des feuilles comme la cochenille virgule ;
- simplement une branche qui aurait été endommagée, un problème d’urine d’animaux (chien ou chat) …
- un problème de phytophtora mais c’est souvent à l’échelle d’une grande partie de la plante.
Les attaques de pyrale n’ont pas particulièrement de lien avec la santé des plantes, ce qui n’est pas vrai par contre pour les problématiques de champignons.
Attention, une croissance excessive avec un excès d’azote dans les engrais peut entraîner un port lâche et conduire à une plante qui a peu de tenue et qui va avoir tendance à s’ouvrir. Une plante forcée sera aussi plus sensible aux maladies. Il faut donc trouver le bon équilibre.
Les apports organiques en amendement à l’automne sont donc préférables.
Si toutefois vous souhaitez procéder à une fertilisation, outre l’équilibre NPK, il est important surtout de choisir un engrais à libération lente pour limiter le coup de fouet. De nombreux engrais organiques existent aujourd’hui et donnent de très bons résultats.
Le paillage permet de limiter les arrosages et les problématiques de champignons. Il ne réglera en rien les problèmes de carence de la plante ou de pyrale.
Les principales problématiques du buis
Le dépérissement du buis : renforcement des plantes en préventif
Ces dernières années, les attaques par des champignons spécifiques aux buis constituent un problème croissant. Découvertes au Royaume-Uni au milieu des années 1990, ces maladies se sont répandues dans toute l’Europe de l’Ouest et ont également été observées depuis 2004 en Amérique du Nord.
Ce sont plus particulièrement deux champignons, Cylindrocladium buxicola et Volutella buxi, qui provoquent un dépérissement des feuilles et des rameaux. Nous n’avons que très peu d’éléments sur Volutella buxi que nous n’avons identifié que très localement à Marqueyssac et pour lequel nous n’avons pas mis de moyens spécifiques en place.
Celui qui nous préoccupe principalement à Marqueyssac depuis 2010 est le Cylindrocladium buxicola qui se manifeste en premier lieu par des taches noires sur les feuilles. Après quelques jours, les feuilles infectées tombent massivement et des stries noires apparaissent sur les jeunes tiges.
Comme un peu partout en France, le Cylindrocladium buxicola a causé à Marqueyssac de gros dégâts sur la fin d’année 2013, localisés principalement sur le versant nord au départ de la Grande Allée.
La maladie connue sur le site depuis 2010 était « contrôlée » sans être éradiquée.
En octobre 2013, comme malheureusement dans bien d’autres jardins, l’attaque très tardive dans la saison a été d’une grande virulence en un temps très court. Cette attaque est certainement la résultante d’une accumulation de facteurs favorables : des conditions climatiques humides et douces sur plusieurs saisons consécutives ainsi que l’absence de gelées précoces en fin d’année 2013.
Avec un hiver très doux et humide, la maladie a montré encore quelques signes de développement sur la fin d’année 2013 et au début de l’année 2014, malgré les traitements réalisés.
Il est indispensable d’appliquer un certain nombre de règles :
- Une bonne hygiène est recommandée mais elle n’offre aucune garantie d’endiguer les maladies. Eviter tout contact entre les plantes infectées et les plantes saines.
- Acheter des plantes saines.
- Les endroits humides qui favorisent l’infestation sont à éviter pour de nouvelles plantations.
- Eviter l’arrosage du feuillage et la surfertilisation.
- Le paillage des massifs semble limiter le développement de la maladie en réduisant les rejaillissements de l’eau de pluie.
- Cylindrocladium buxicola peut survivre dans le sol pendant de nombreuses années.
– Couper et détruire les branches les plus atteintes.
– Veiller à ramasser et à détruire au maximum les feuilles tombées au sol. - Nettoyer efficacement les outils de coupe
L’essentiel est de contrôler au mieux la maladie en évitant de fortes attaques. Les traitements doivent donc être bien ciblés par rapport aux risques liés à des températures douces et de l’humidité. En général les moments les plus propices à la maladie sont de mi-mai à mi-juillet puis de mi-septembre à fin octobre. A affiner bien sûr en fonction des conditions météorologiques de l’année mais le développement des champignons sur le buis va souvent de pair avec la présence de champignons nettement plus appréciables dans les bois ! Il est donc essentiel de traiter avant les périodes de risque et en théorie tous les 14 jours. Nous n’avons cependant jamais réussi à tenir ce rythme de 14 jours mais nous sommes plutôt sur un passage mensuel si les conditions sont propices au champignon.
L’utilisation des fongicides est d’une efficacité très relative et les meilleurs traitements restent ceux qui sont réalisés en préventif. Quoi qu’il en soit, l’utilisation des fongicides quand on y a recours doit rester raisonnée et limitée à un nombre d’applications annuelles strict pour limiter les phénomènes de résistance.
Compte tenu de la faible efficacité chimique, des moyens importants ont été mis en œuvre à Marqueyssac dans le but de parvenir au renforcement des défenses naturelles des buis : depuis 2010, sont réalisées des applications d’extraits de plantes et de biostimulants (BM Start, BASFOLIAR, Obstacle, Antys) et les premiers essais d’application d’extraits fermentés ont été faits en 2015.
Une protection durable peut être réalisée par la répétition des traitements à intervalles de trois à quatre semaines lorsque les conditions sont favorables au développement du champignon (communément d’avril/mai à septembre/octobre).
Depuis 2016, les problèmes liés au Cylindrocladium à Marqueyssac ne sont « traités » que par la pulvérisation d’extraits végétaux.
Dans cette idée de renforcement de la plante, amendement et fertilisation essentiellement orientés vers des apports potassiques sont réalisés au moins une fois par an, essentiellement au démarrage de la végétation en mars (Vegevert, Humigreen, Ever 5, engrais organo-minéraux). Depuis 2020, des apports d’engrais foliaires viennent en complément (Liquobyo, Nutrikali).
Des résultats satisfaisants à ce jour ont été finalement obtenus par des pulvérisations régulières, une fois par mois d’avril à octobre, de mélanges de purin d’ortie, de prêle et pur jus de consoude réalisés par Jean-François Lyphout (http://www.fortiech.fr).
En cas de pression ou d’apparition des maladies, des pulvérisations à 20/30% et 1% de savon noir sont réalisées.
Des essais ont été réalisés en 2016 avec le Buis Santé sans aucun résultat, avec une maladie déclarée à peine une semaine après une pulvérisation en juin. Cette attaque a par contre été contrôlée par une pulvérisation de purins. En septembre 2016, une nouvelle attaque déclarée (feuilles noires) a pu aussi être bloquée par une pulvérisation de purins.
Par ailleurs, l’effet stimulant de pulvérisations dosées à 7/8 % et 1% de savon noir est indéniable sur la croissance et permet de stimuler une plante affaiblie par la maladie. Il permet aussi une bonne cicatrisation après la taille. Une application systématique est faite depuis 2017 derrière chaque taille. La météo complique parfois la gestion des pulvérisations préventives ou post-taille. Des taches de champignons apparaissent donc toujours lors de périodes très à risque.
Enfin, des essais sur des zones très localisées sont été menés avec le Health Mix de TOP BUXUS depuis 2018 et donnent de bons résultats mais avec un coût de revient assez élevé. Il faut là aussi travailler en préventif avec au moins une application par mois (si possible même toutes les 3 semaines) sur les périodes à risque (avril, mai, juin, septembre et octobre).
Si toutefois vous voulez vous orienter vers une solution chimique, sachez que le nombre de produits autorisés est limité et que le combat contre la maladie n’est pas si évident.
Le meilleur traitement reste là encore la prévention. La plupart des fongicides ont en effet une action curative très limitée. Une protection durable peut être réalisée par la répétition des traitements fongicides à intervalles réguliers lorsque les conditions sont favorables au développement du champignon (communément de mai à septembre).
ATTENTION, l’utilisation des fongicides doit rester raisonnée et limitée à un nombre d’applications annuelles strict pour limiter les phénomènes de résistance.
La pyrale : du piégeage en préventif et des produits par ingestion en curatif
Cet autre fléau, qui fait de gros ravages sur les buis depuis son arrivée en France en 2007, a été décelé à Marqueyssac pour la première fois au cours de l’été 2015. Ce ne sont cette année là que quelques dizaines de papillons qui ont été capturés sur l’ensemble des jardins. Aucun foyer n’a été repéré. Les traitements contre la chenille se font avec des produits qui agissent par ingestion et aucun traitement ni autre moyen de lutte n’a donc été appliqué en 2015.
C’est donc au cours de l’année 2016 que le problème de la pyrale s’est vraiment posé sur le site. Devant le nombre infime de chenilles en sortie d’hiver, les moyens de lutte n’ont été engagés qu’à partir de Juin 2016. Deux générations ont été constatées sur la saison 2016 avec une arrivée très tardive des premiers papillons du fait d’un printemps frais et humide.
Depuis 2017 nous faisons systématiquement un traitement en sortie d’hiver afin d’éliminer le maximum de chenilles sur les zones traitées. A cette période de l’année (mars/avril) les chenilles ne suivent pas un vol de papillon. Ce sont les chenilles hivernantes issues du dernier vol de l’année précédente qui se remettent en activité. La détection de ces chenilles est difficile et mérite donc une très grande vigilance. De l’élimination d’un maximum de ces chenilles hivernantes dépend l’infestation de toute la saison future.
L’année 2017 a malgré cela été une année bien difficile à gérer avec de très importantes populations. Nous avons été soumis à une forte présence de papillons en juin, juillet et surtout mi-août avec des papillons venus des zones non traitées et des environs. Cela s’est traduit par un mélange de générations sur juillet, avec pendant un mois tous les stades visibles (papillons, chrysalides, chenilles) qui nous a contraint à traiter tous les 15 jours pendant près de 3 mois et demi.
L’année 2018 a été bien différente avec peu de chenilles hivernantes visibles, des générations bien marquées permettant de limiter le nombre de traitements (2 traitements par vol) et un vol en août très réduit (chaleur début août ?) et de ce fait quasiment pas de chenilles visibles fin août/début septembre.
L’année 2019 a été beaucoup plus calme au niveau de la pyrale. Tous les buis sauvages dans la vallée ont été décimés en 2017 et les foyers sont donc plus réduits, mais c’est certainement aussi en raison des fortes chaleurs du mois de Juin qui ont bien décimé les populations.
Il faut malgré tout rester très vigilant car les espèces invasives ont souvent des évolutions assez irrégulières.
Le nombre de traitements a donc encore été réduit en 2019. Les générations bien marquées ont permis de limiter le nombre de traitements à 1 seul par vol, mi-juillet et mi-septembre.
La pression est restée identique en 2020 avec très peu de chenilles visibles. Cependant, les générations assez étalées dans le temps nous ont contraints à pratiquer 2 traitements fin juin et mi-juillet à l’issue du premier vol.
D’autre part, les captures de papillons ont été très importantes sur la dernière génération en août avec un « double pic de vol » qui laisse penser à une reprise de l’activité pour 2021.
le piégeage avec les phéromones
Les pièges à phéromones sont très efficaces mais ne sont à utiliser que pour faire de la surveillance. Ils permettent de suivre les générations de papillons afin de déclencher les traitements à la période la plus propice (idéalement 4/5 jours après le vol de papillon pour le premier passage puis un second 14 jours plus tard).
Cet outil ne peut être considéré comme un moyen de lutte proprement dit. Les pièges permettent avant tout de déceler l’apparition des papillons afin d’appréhender au mieux la mise en place des moyens de lutte dans les jours qui suivent.
Attention en début de saison (mars/avril) les chenilles ne suivent pas un vol de papillon. Ce sont les chenilles hivernantes issues du dernier vol de l’année précédente qui se remettent en activité.
La détection de ces chenilles est difficile et mérite donc une très grande vigilance. De l’élimination d’un maximum de ces chenilles hivernantes dépend l’infestation de toute la saison future.
Le choix de la phéromone n’est pas toujours évident avec une efficacité du piégeage qui peut varier d’une marque à l’autre mais aussi en fonction des conditions du milieu. Des phéromones longue durée qui couvrent toute la saison sont également disponibles.
Nous utilisons principalement aujourd’hui les phéromones de chez Bioline, de durée classique (un renouvellement en milieu de saison).
les trichogrammes
BIOTOP commercialise des moyens de lutte biologique :
http://www.biotop.fr/16-nos-produits/lutte-biologique/155-trichotop-buxus.html
Il s’agit de sortes de petites guêpes issues de souches indigènes dont la ponte se fait exclusivement dans les œufs de pyrale et aboutit à la destruction des œufs. Des souches sont utilisées pour lutter contre la pyrale du maïs depuis plus de 30 ans.
La mise en œuvre de cette lutte biologique doit être extrêmement précise pour être efficace. Deux applications à une semaine d’intervalle sont nécessaires pour chaque génération de pyrale. Les études semblent montrer qu’une bonne application permet d’éliminer 80 à 90 % des œufs de chaque ponte, limitant considérablement la population de chenilles et donc les dégâts éventuels.
Mis en œuvre à petite échelle sur la première génération au début du mois de juin 2016 à Marqueyssac, leur efficacité reste difficile à quantifier. Le nombre réduit de chenilles sur les zones testées nous a cependant conduits à une application globale sur l’ensemble du site sur la deuxième génération, fin août/début septembre. Ce sont alors plus de 10 millions de trichogrammes qui ont été lâchés !
Le nombre réduit de chenilles à l’issue de cette ponte nous laisse croire à l’efficacité de cette solution.
L’utilisation des trichogrammes a donc été reconduite à grande échelle en 2017 et 2018 avec 4 applications sur l’ensemble du site.
Devant la pression limitée en 2019 et 2020, les trichogrammes ne sont aujourd’hui plus utilisés.
Pour une efficacité optimale contre la pyrale du buis, appliquez le programme de lutte intégrée Bioline :
Pour une lutte optimisée, Bioline préconise d’agir sur tous les stades du ravageur avec des solutions complémentaires, à déployer en trois temps :
1- Papillons adultes : suivi des populations par piégeage à l’aide du piège à entonnoir et de la phéromone Ginko® Buxus.
2- Œufs : destruction des œufs de papillons par deux lâchers de trichogrammes à chaque vol.
3- Larves : en cas de besoin, suite à des observations, utiliser un Bacillus thuringiensis (non disponible dans la gamme Bioline) pour détruire les dernières larves restantes.
le Bacille de Thuringe
Complémentaire de la lutte biologique lorsqu’elle est pratiquée, les traitements au bacille restent indispensables pour détruire le maximum de chenilles résiduelles.
Les traitements au Bacille de Thuringe fonctionnent très bien sur les chenilles de pyrale à condition d’être réalisés sur de jeunes chenilles. Il est donc très important d’effectuer une surveillance accrue des buis et des pièges afin de déceler l’apparition des papillons et de bien contrôler le pic de vol.
La saison 2017 a fait par ailleurs apparaître à Marqueyssac certaines difficultés et surtout la nécessité de bien mouiller les buis lors des traitements au BT pour avoir une bonne efficacité.
L’application sur les buis est difficile pour bien pénétrer dans le feuillage. Il faut mouiller abondamment et si possible travailler avec une bonne pression ou avec un atomiseur qui fonctionne bien en brassant le feuillage et en permettant donc une meilleure pénétration dans la plante. L’utilisation d’un mouillant adapté est conseillée même si son efficacité n’est pas prouvée.
Le rapport quantité/surface ne veut pas dire grand-chose sur ce type de traitement car il dépend de la quantité de buis, de leur volume, de leur densité… Ce qui compte avant tout c’est la surface développée de feuillage à traiter.
Les recommandations pour les produits phytosanitaires sans précisions particulières sont données pour 1000 l / Ha donc pour le BT 1Kg/1000l/Ha. Pour ce qui nous concerne, dans les zones très denses en buis nous sommes à peu près sur des quantités de cet ordre.
Le Bacille n’a qu’une durée d’action très limitée. Il n’y a pas de rémanence pour le BT ou simplement de quelques jours.
Il y a aussi parfois un étalement des papillons et donc des pontes avec l’apparition de jeunes chenilles de façon échelonnée. Dans ces cas précis il est nécessaire de traiter régulièrement.
Le Bacille agit par ingestion. Pulvérisé sur le feuillage, les chenilles qui l’ingèrent sont détruites en 2/3 jours maximum.
Les traitements au Bacillus thuringiensis restent les plus appropriés compte tenu de leur faible impact sur l’environnement : c’est une bactérie qui agit sur le système digestif des chenilles après ingestion. En prenant soin de cibler les pulvérisations sur les buis les risques pour les autres chenilles sont limités.
A ce jour tous les colloques scientifiques de ces dernières années n’ont jamais fait ressortir une quelconque toxicité du BT pour les oiseaux dans la chaine alimentaire. Dans des jardins urbains l’installation de nichoirs est même préconisée.
Un traitement en début de printemps (mars/avril) est nécessaire afin d’éliminer les chenilles qui ont passé l’hiver. Ce passage est assez difficile à bien positionner car les chenilles ne suivent pas un vol de papillons et se mettent en activité avec de gros décalages en fonction des conditions climatiques. L’observation reste donc la règle essentielle pour bien repérer l’activité des chenilles.
Ensuite, si les premières années deux applications à deux semaines d’intervalle étaient préconisées pour balayer l’ensemble de chaque ponte pour chaque génération de papillons (2 ou 3 en fonction de la région et du climat), depuis 2019 une seule est suffisante en la pratiquant plus tardivement environ 2 semaines après le pic de vol.
Ces traitements biologiques sont très efficaces à condition d’être réalisés sur de jeunes chenilles.
Le chevauchement des générations en 2017 nous avait conduits à faire des traitements tous les 15 jours sur toute la durée de la saison entre début juin et début septembre !Les produits mentionnés ici ne sont en général disponibles que pour les professionnels ou en coopérative (Bactura, Delfin). Néanmoins, le Bacillus thuringiensis est commercialisé en jardinerie sous différentes appellations de différentes marques (Solabiol…).
le pyrèthre
Je ne suis pour ma part pas favorable aux produits insecticides préconisés par certains pour le traitement contre les chenilles.
Le Pyrèthre est un insecticide certes d’origine naturelle mais TOTAL et donc dangereux en particulier pour les abeilles. Ces produits (Conserve, Prusik) ne devraient être réservés qu’à des cas bien précis d’extrême urgence comme pour le traitement de très grosses chenilles (supérieures à 2,5 ou même 3 cm) si la surveillance n’a pas permis d’agir plus tôt avec le Bacille ou lorsque les buis sont en grande partie défoliés et qu’il est nécessaire d’agir avec un produit de contact.
la confusion sexuelle
Des moyens de confusion sexuelle avec des phéromones sont commercialisés depuis 2019. Testé en 2018 avec 2 applications sur une surface de près de 2 ha autour du château, ce procédé consiste à introduire de grandes quantités de phéromones afin de perturber la reproduction des papillons.
Comme les trichogrammes, la confusion sexuelle permet de limiter le nombre de chenilles. Il est souvent nécessaire malgré tout de traiter au Bacille de Thuringe et le procédé n’a donc pas été renouvelé à Marqueyssac.
Les moyens biologiques de lutte contre la pyrale existent. Toute la complexité réside dans leur application avec des bons moyens et au bon moment.
Si les populations ont bien été régulées à Marqueyssac depuis 2016 avec une absence de traces visibles, chaque nouvelle saison est une nouvelle bataille.
Les buis taillés ne montrent aujourd’hui aucune trace de dégâts de pyrale. Des buis sauvages sur les extérieurs de la zone ouverte au public ont par contre été supprimés pendant l’hiver 2017/2018 car peu accessibles pour les traitements et donc sources de foyers ingérables.
Si malgré tout les moyens mis en œuvre vos buis ont été complètement dévorés, il y a toujours une possibilité de redémarrage. Le plus sage est donc d’attendre le printemps suivant et de tailler alors les rameaux qui n’auraient pas redémarré. Si vous souhaitez malgré tout faire des tailles sévères (pour limiter par la suite les parties à traiter par exemple) il est préférable d’attendre le mois de février afin de ne pas provoquer une repousse en fin de saison.
Si vos buis ont encore quelques feuilles ou qu’ils redémarrent je vous conseille de ne pas y toucher si vous êtes en mesure de les traiter l’année suivante.
Retours sur les travaux menés dans le cadre de SaveBuxus II “Alternatives aux buis et gestion de la pyrale”
Porté par Plante & Cité, INRAe et ASTREDHOR le programme SaveBuxus II a été dédié aux alternatives aux buis et à la gestion de la pyrale.
Après 4 ans de travaux, le programme s’achève et les éléments de restitution sont disponibles sous ce lien :
https://www.plante-et-cite.fr/Ressource/fiche/673
Beaucoup d’espoirs sont donc attendus pour une lutte biologique appropriée.
Un grand merci pour tout le travail effectué depuis de nombreuses années sur le sujet.